URGENT-RDC: Une commission d’enquête conjointe annoncée pour mettre fin à l’exploitation minière illicite en RDC

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Lusaka, Zambie — 4 mai 2025


À l’issue d’une réunion extraordinaire tenue à Lusaka, capitale de la Zambie, les ministres des Mines des pays membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) ont pris une décision d’une portée régionale : la création d’une commission d’enquête conjointe visant à faire la lumière sur les activités minières illégales menées dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), en particulier par certains de ses voisins, dont le Rwanda.

Cette décision intervient dans un contexte de tensions persistantes autour de l’exploitation des ressources naturelles, notamment dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où l’État congolais accuse depuis plusieurs années des groupes armés, souvent soutenus par des pays voisins, de piller ses ressources minières.

Un consensus régional autour de la transparence

La réunion, convoquée en urgence par la CIRGL, a rassemblé les ministres des Mines de douze pays membres, y compris la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, la Tanzanie, l’Angola et le Soudan du Sud. Dans leur communiqué final, les ministres ont reconnu que l’instabilité persistante dans certaines zones minières de la région est alimentée par des réseaux transnationaux d’exploitation illégale de minerais stratégiques tels que le coltan, l’or, l’étain et le tantale.

Face à cette situation, la commission d’enquête annoncée aura pour mission principale de :

  • Identifier les circuits d’exploitation et de commercialisation illégaux des minerais en provenance de la RDC ;
  • Établir les responsabilités des différents acteurs impliqués, qu’ils soient étatiques ou non ;
  • Proposer des mécanismes de contrôle renforcés aux frontières et sur les sites miniers ;
  • Formuler des recommandations concrètes pour mettre fin à l’impunité et à la contrebande.

Le Rwanda dans le viseur

Bien que le communiqué officiel de la CIRGL se soit voulu diplomatique, plusieurs sources présentes à la réunion affirment que la RDC a clairement pointé du doigt le rôle du Rwanda dans la déstabilisation des zones minières à l’est du pays. Des accusations que Kigali a toujours rejetées, malgré les multiples rapports d’experts indépendants et d’organisations internationales établissant des liens entre l’armée rwandaise, les groupes armés actifs dans l’est de la RDC et le commerce illégal des minerais.

Le ministre congolais des Mines, en marge de la réunion, a déclaré : « Nous ne pouvons plus tolérer que la richesse de notre sous-sol finance l’insécurité et le développement d’autres pays pendant que nos propres populations vivent dans la misère. Cette commission est un premier pas vers la justice économique et la stabilité régionale. »

Un signal fort, mais des défis majeurs

La mise en place de cette commission d’enquête est perçue comme un signal fort de la volonté politique régionale de s’attaquer à un problème vieux de plusieurs décennies. Toutefois, des observateurs estiment que les obstacles seront nombreux : manque de coopération entre certains États, pressions économiques, présence de puissants acteurs locaux et internationaux dans les réseaux de contrebande, corruption, etc.

Pour que la commission réussisse, elle devra bénéficier d’un mandat clair, de moyens financiers suffisants, et surtout, du soutien politique de tous les gouvernements concernés. Une coordination étroite avec les agences onusiennes et les ONG spécialisées dans la traçabilité des minerais sera également indispensable.

Vers une certification régionale renforcée ?

Parmi les mesures envisagées figure la révision du mécanisme régional de certification des minerais mis en place par la CIRGL depuis 2011. Ce mécanisme, qui vise à garantir que les minerais exportés ne proviennent pas de zones de conflit, peine à s’imposer dans certaines régions en raison du manque d’inspections régulières et de falsifications fréquentes.

Les ministres ont également discuté de la possibilité de créer une base de données partagée, recensant les sites miniers autorisés, les opérateurs légaux, et les flux commerciaux déclarés. Une telle initiative pourrait à terme réduire les marges de manœuvre des trafiquants et accroître la transparence dans toute la chaîne d’approvisionnement.

Une étape cruciale pour la paix et le développement

Au-delà de la dimension économique, cette initiative revêt une importance cruciale pour la paix dans la région des Grands Lacs. De nombreux groupes armés, nationaux et étrangers, se financent grâce à l’exploitation illégale des minerais. Tarir cette source de revenus pourrait affaiblir leur emprise sur les populations locales et ouvrir la voie à des efforts de démobilisation et de réintégration plus efficaces.

La commission d’enquête devrait entamer ses travaux dès le mois prochain. Un rapport préliminaire est attendu d’ici six mois, et les ministres se sont engagés à se réunir à nouveau pour examiner ses conclusions et adopter des mesures contraignantes à l’échelle régionale.


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