Tensions persistantes à Walikale : la société civile alerte sur un renforcement des positions de l’AFC-M23

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Situation dimanche 4 mai

Depuis le retrait annoncé des éléments de l’AFC-M23 de Walikale-centre le 3 avril 2025, la population locale espérait un retour progressif à la paix. Ce retrait, présenté comme un geste d’apaisement dans le cadre des négociations soutenues à Doha entre les autorités congolaises, le Rwanda et le Qatar, avait permis aux Forces armées de la RDC (FARDC) ainsi qu’aux groupes d’autodéfense dits Wazalendo de reprendre le contrôle de la cité. Mais un mois plus tard, des inquiétudes croissantes surgissent quant à la véritable portée de ce retrait.

Selon la société civile de Walikale, dirigée par Fiston Misona, les rebelles ne seraient pas véritablement partis, mais auraient plutôt réorganisé leurs troupes en périphérie. Des mouvements suspects d’hommes en armes ont été signalés dans plusieurs localités proches de Walikale-centre, notamment à Kibua, Mpofi et Mutakato. Ces zones, difficiles d’accès, sont stratégiques tant pour des raisons militaires que pour le contrôle des axes économiques. Leur occupation prolongée ou renforcée par l’AFC-M23 soulève des craintes légitimes quant à une éventuelle reprise des affrontements.

Cette présence armée continue, même en retrait, crée une insécurité latente pour les habitants. Les mouvements de populations se poursuivent, des centaines de familles choisissant de fuir préventivement vers des zones jugées plus sûres comme Kalembe ou Pinga. Dans ces localités, l’arrivée massive de déplacés provoque une pression sur les infrastructures déjà fragiles. À Kalembe-Kalonge, par exemple, plusieurs écoles et églises sont aujourd’hui transformées en abris de fortune.

La crise humanitaire qui en découle est particulièrement préoccupante. Manque de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux deviennent le quotidien des déplacés. Des ONG locales craignent l’apparition de maladies infectieuses, notamment à cause du surpeuplement et de l’insalubrité dans les camps improvisés. La situation est d’autant plus critique que les routes menant à ces zones sont mal entretenues, ce qui complique l’acheminement de l’aide humanitaire.

Dans ce contexte tendu, la société civile en appelle à l’État congolais pour un renforcement conséquent des dispositifs de sécurité. Les FARDC, bien que présentes, manquent parfois de logistique ou de soutien nécessaire pour sécuriser les zones rurales environnantes. Le risque d’un retour offensif des éléments armés est jugé réel, surtout si ceux-ci continuent à recevoir un appui extérieur ou à recruter localement.

En parallèle, les acteurs locaux plaident pour que les efforts diplomatiques soient maintenus et renforcés. Les discussions de Doha, même si elles suscitent des espoirs, ne peuvent porter leurs fruits que si les actes suivent les engagements pris. La méfiance reste de mise, d’autant plus que plusieurs précédents accords ont échoué par le passé. Pour les habitants de Walikale, la paix durable ne pourra être atteinte que si la sécurité est garantie sur le terrain.

Enfin, la population attend également une implication plus active des organisations internationales. Qu’il s’agisse de la MONUSCO ou d’autres partenaires, leur rôle dans la stabilisation des territoires reste crucial. Pour les familles déplacées comme pour les habitants restés sur place, chaque jour d’attente sans intervention concrète accroît le sentiment d’abandon et alimente la crainte d’un nouveau cycle de violence.

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