RDC : Une trentaine de Généraux détenus dans les prisons militaires, plusieurs sont déjà décédés dans le silence
Kinshasa, 27 mai 2025 — Par Yassin Kombi Kadima
La République Démocratique du Congo traverse une période trouble dans les hautes sphères de son armée. Une liste qui circule ces derniers jours met en lumière une réalité jusque-là largement méconnue du grand public : au moins 29 officiers généraux des Forces armées congolaises (FARDC) seraient actuellement détenus dans les différentes prisons militaires du pays, notamment à la prison de Ndolo à Kinshasa, dans les cachots de la DEMIAP (Détection Militaire des Activités Anti-Patrie) et ceux du CNC (Centre National de Commandement).
Parmi ces noms, certains avaient autrefois un poids considérable dans les opérations militaires du pays. On retrouve notamment :
- Général Kiseba André
- Général Mugabo Hassan
- Général Shekasikila Mwendapeke
- Général Kipongo Bora
- Général Avula
- Général Ehonza André
- Général Mujinga (en liberté provisoire)
- Général Bakole Luc
- Général Banywesize Pierre
- Général Banza Kabulo Joseph
- Général Sikatenda
- Général Yav Philemon
- Général Mutupeke
- Général Awochi
- Général Mulongo
- Général Ramazani
- Général Dany Yangba
- Général Mukuna Eddy
- Général Lupempe Papy
- Général Alengbia (décédé en détention)
- Général Baseleba
- Général Kalume Freddy
- Général Kampeta
- Général DJajija
- Général Inyengeli
- Général Ekuka
- Général Mpenzo
- Général Padiri Bulenda (liberté provisoire)
- Général Smith Gihanga (libéré provisoirement grâce à sa proximité avec la maison militaire)
Si la majorité des noms reste encore officiellement non confirmée par le ministère de la Défense, plusieurs sources internes recoupées évoquent des détentions dans des conditions difficiles, sans procès équitable ni transparence judiciaire. Plus alarmant encore, certaines voix dénoncent la mort en détention de « plus d’une dizaine » de ces officiers, dont les décès n’ont jamais été publiquement reconnus.
Les raisons des arrestations de ces généraux restent floues. Pour certains, il s’agirait de suspicions de trahison, de mauvaise gestion de fonds ou de participation à des réseaux d’influence considérés comme une menace pour le pouvoir en place. Pour d’autres, il serait plutôt question de règlements de comptes politiques ou de repositionnements internes au sein de l’appareil sécuritaire.
« On assiste à une épuration silencieuse au sommet de l’armée », confie sous anonymat un analyste militaire basé à Kinshasa. « Plusieurs de ces généraux sont arrêtés sans jugement, et certains disparaissent littéralement. C’est comme si l’État ne voulait pas assumer leur sort. »
Des ONG congolaises et internationales de défense des droits humains appellent à une clarification de la situation. Elles demandent que des enquêtes indépendantes soient ouvertes, que les familles soient informées du sort de leurs proches, et que les détenus bénéficient de l’assistance légale nécessaire.
Alors que le pays est confronté à de multiples défis sécuritaires, notamment dans l’Est, cette crise silencieuse au sommet de l’armée soulève des interrogations majeures sur la stabilité de l’institution militaire congolaise, et la manière dont le pouvoir central gère les dissensions internes.