RDC : Tshisekedi-Fayulu : un geste fort, des propos marquants, et des enjeux cruciaux,les dessous de leur face-à-face(Résumé ici )
Félix Tshisekedi et Martin Fayulu brisent la glace
Une scène politique inédite s’est déroulée ce jeudi à Kinshasa. Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a accueilli au Palais de la Nation son ancien rival Martin Fayulu, une première depuis leur rupture survenue à la veille de l’élection présidentielle contestée de 2018. Ce tête-à-tête, aussi inattendu que symbolique, intervient alors que le pays traverse une période marquée par des tensions sécuritaires, politiques et sociales.
Une rencontre qui surprend et intrigue
C’est dans l’enceinte solennelle du Palais de la Nation que les deux figures politiques se sont entretenues pendant près de deux heures. L’endroit, hautement symbolique, avait récemment servi de cadre à des consultations politiques que Fayulu avait refusé de rejoindre. Cette fois, il s’est présenté en personne, donnant ainsi un ton différent à l’initiative.
Les images capturées lors de la rencontre montrent un accueil chaleureux entre les deux hommes. Une atmosphère bien plus détendue que celle qui avait marqué leur brève poignée de main en 2023, lors de leur rencontre entre candidats à la présidence. Selon des sources proches de la présidence, Tshisekedi aurait exprimé sa satisfaction de renouer le dialogue, en affirmant vouloir un échange sincère et sans détour.
Une volonté de relancer le dialogue national
L’entrevue intervient peu après une déclaration publique de Martin Fayulu en faveur d’un dialogue national inclusif. L’opposant avait proposé que cette concertation soit encadrée par les principales confessions religieuses du pays – catholique et protestante – et avait lancé un appel au chef de l’État pour y participer. Jusqu’à présent, aucune réponse officielle n’avait été donnée à cette proposition, rendant cette rencontre d’autant plus significative.
Au terme de l’entretien, Fayulu s’est adressé à la presse en réaffirmant sa position :
« La seule voie responsable dans cette situation, c’est celle du dialogue. Refuser d’en discuter, c’est tourner le dos à l’intérêt national », a-t-il déclaré.
Il a également évoqué la médiation potentielle du Togo, en complément du rôle déjà envisagé pour les Églises. Selon ses propos, le président Tshisekedi aurait promis de rencontrer les représentants religieux dès son retour de déplacement à Kolwezi prévu la semaine prochaine.
Une lueur d’apaisement politique ?
Si aucun accord concret n’a été annoncé à l’issue de cette rencontre, elle marque néanmoins une évolution dans un climat politique particulièrement crispé depuis les dernières élections. Du côté de Martin Fayulu, on reste prudent : cette ouverture est perçue comme un début, mais non comme un aboutissement.
À ceux qui spéculent sur une possible nomination de l’opposant à un poste gouvernemental, notamment celui de Premier ministre, Fayulu a opposé une fin de non-recevoir :
« Il n’est pas question de rejoindre un quelconque gouvernement sans qu’un véritable dialogue n’ait eu lieu. »
Ce geste d’ouverture entre deux adversaires politiques de premier plan pourrait préfigurer un changement d’approche au sommet de l’État. Reste à savoir si cette dynamique se traduira par des avancées concrètes, dans un pays où les divisions politiques continuent de freiner les perspectives de paix et de développement.