RDC – Tensions dans l’Est | Le gouvernement dénonce des changements démographiques dans les zones occupées

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Kinshasa, 18 juin 2025 — La situation dans l’est de la République démocratique du Congo continue de susciter de vives inquiétudes au sein des autorités congolaises. Le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a lancé une alerte ce mardi sur ce qu’il qualifie de “transplantation de populations étrangères” dans les territoires sous contrôle du M23, un groupe rebelle soutenu, selon Kinshasa, par le Rwanda.

🎙️ « Le Rwanda procède à la transplantation de populations étrangères dans les zones occupées par son armée d’occupation et ses supplétifs de l’AFC/M23 », a déclaré le ministre devant la presse.

Une accusation grave au cœur d’un conflit régional

Cette déclaration intervient alors que les affrontements entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et les rebelles du M23 se sont intensifiés ces dernières semaines dans le Nord-Kivu. Les autorités congolaises accusent depuis longtemps le Rwanda de soutenir militairement le M23, ce que Kigali dément régulièrement. Mais la nouveauté réside dans l’accusation de modification démographique volontaire, qui ajoute une dimension encore plus préoccupante au conflit.

Selon le ministre Shabani, des populations venues de l’extérieur — sans préciser leur origine exacte — seraient installées dans des villages congolais conquis par les rebelles. Cette opération viserait, selon lui, à changer la composition ethnique et sociale de certaines zones stratégiques de l’est du pays, avec des implications potentielles à long terme sur les revendications territoriales et les droits fonciers.

Des répercussions politiques et sécuritaires

Ces allégations relancent les débats sur les enjeux géopolitiques et économiques autour de la crise dans l’Est. Pour de nombreux analystes, la question foncière et démographique est un facteur central du conflit : la région du Nord-Kivu, en particulier, est marquée par une forte pression sur les terres, une multiplicité de groupes armés et une compétition autour des ressources naturelles.

La présence du M23 dans certaines localités depuis plusieurs mois aurait facilité, selon Kinshasa, l’implantation de nouvelles familles, parfois au détriment des populations locales déplacées par les combats.

Appel à la communauté internationale

Face à cette situation, le gouvernement congolais appelle la communauté internationale à « ne pas rester silencieuse » et à condamner fermement ces pratiques qui, selon lui, violent le droit international humanitaire.

Des ONG locales et internationales demandent de leur côté des enquêtes indépendantes pour vérifier la véracité des faits rapportés, tout en insistant sur la nécessité de protéger les civils pris au piège entre les lignes de front.

En attendant, les déplacés se comptent par milliers

Pendant ce temps, les populations civiles continuent de fuir les affrontements. Selon les chiffres du HCR, plus de 150 000 personnes ont été déplacées ces deux derniers mois dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique.


Contexte : Le M23, un mouvement majoritairement composé de Tutsi congolais, est réapparu sur la scène militaire en 2021 après presque une décennie d’accalmie. Kinshasa accuse le Rwanda de l’armer et de le diriger à distance, une position soutenue par plusieurs rapports d’experts des Nations unies. Kigali, de son côté, affirme défendre ses intérêts sécuritaires face à la présence des FDLR, un groupe hostile au régime rwandais et basé en RDC.


L’évolution de cette affaire sera scrutée de près, notamment par l’Union africaine et les Nations unies, alors que les efforts diplomatiques peinent à ramener la paix dans une région en proie à l’instabilité depuis plus de deux décennies.

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