RDC – Rwanda : La question du M23 désormais confiée au processus de Doha
Kinshasa – 24 juin 2025
Dans la foulée de l’accord de Washington récemment conclu entre plusieurs parties impliquées dans la crise régionale des Grands Lacs, la question sensible de la rébellion du M23 ne sera plus directement gérée dans ce cadre. Selon les déclarations d’un officiel rwandais recueillies par le média Actualité.cd, le traitement du dossier du M23 est désormais transféré au processus de Doha, jugé plus approprié pour aborder les aspects sécuritaires et politiques du conflit.
« Le dialogue avec le M23 est intégré à l’accord de Washington, mais c’est Doha qui fixera la marche à suivre pour régler cette question. Washington n’avait pas vocation à traiter les aspects sécuritaires liés au M23 », a précisé la source officielle rwandaise.
Ce changement de cadre marque une évolution importante dans la gestion diplomatique de la crise du M23. Si l’accord de Washington avait posé les bases d’un rapprochement entre Kinshasa et Kigali sur plusieurs points de tension, il est désormais clair que le volet sécuritaire, notamment lié aux activités du M23 à l’Est de la RDC, sera discuté dans un cadre distinct.
Le processus de Doha, qui a déjà été utilisé pour faciliter plusieurs dialogues de paix dans d’autres régions du monde, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, est perçu comme un espace plus spécialisé et potentiellement neutre pour aborder ce type de conflit armé.
Les parties concernées – dont la RDC, le Rwanda, et potentiellement d’autres acteurs régionaux et internationaux – s’engagent à soutenir activement le processus de Doha. L’objectif : trouver une solution durable à la crise du M23, dont les offensives continuent de déstabiliser l’Est congolais, en particulier les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
À Kinshasa, cette annonce suscite à la fois espoir et prudence. Le gouvernement congolais, qui exige depuis longtemps la fin de toute forme de soutien étranger au M23, pourrait y voir une opportunité d’inscrire la question dans un cadre de négociation structuré, tout en restant méfiant quant aux intentions réelles de Kigali et à l’efficacité concrète du processus de Doha.
De nombreux observateurs soulignent toutefois que, sans un cessez-le-feu effectif et un désengagement des troupes rebelles sur le terrain, même les initiatives diplomatiques les mieux construites risquent de rester lettre morte.
Cette décision intervient alors que les affrontements entre le M23/AFC et les groupes d’autodéfense congolais, notamment les Wazalendo, se poursuivent dans plusieurs zones du Sud-Kivu. La situation humanitaire se dégrade, et des milliers de civils sont en fuite, aggravant une crise déjà complexe.