RDC-Mwenga : Incursion des éléments de l’AFC/M23 dans la chefferie de Luhwinja, zone riche en or,une présence Forte signalée
Progression inquiétante des combattants de l’AFC/M23
La tension est montée d’un cran ce mardi 6 avril dans le territoire de Mwenga, au Sud-Kivu, suite à une nouvelle percée militaire des forces rebelles affiliées à l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), soutenues par le M23. Dans la matinée, ces groupes armés ont pris le contrôle du village de Luciga, situé au cœur de la chefferie de Luhwinja. Cette localité se trouve non loin de la chefferie de Kaziba, qui elle-même fait partie du territoire voisin de Walungu.
Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, l’entrée des rebelles dans Luciga a été précédée par une brève altercation avec les forces locales dites « Wazalendo », qui tentent depuis plusieurs semaines de contenir l’avancée des groupes armés. Ces miliciens communautaires, souvent constitués de civils armés, peinent toutefois à résister aux manœuvres stratégiques et aux moyens militaires dont disposent les combattants de l’AFC/M23.
« Après avoir occupé Lwashanja, ils ont rapidement avancé vers Luciga. Leur objectif semble être clair : progresser vers les installations minières de l’ex-entreprise canadienne BANRO », a confié un habitant de la région. D’autres sources locales affirment que les rebelles ont dévié de leur route habituelle pour surprendre les défenses en place, en contournant la vallée de Luzinzi. Ils auraient plutôt choisi de passer par la localité de Ngando, en direction de Chihumba et Kashanga, profitant d’une faille sécuritaire repérée du côté de Mparanyi.
Ce mouvement offensif ne s’est pas arrêté à Luciga. Des rapports indiquent que les rebelles ont continué leur percée dans plusieurs groupements avoisinants. À ce jour, ils seraient actifs dans au moins quatre d’entre eux : Luchiga, Kabalole, Luduha et Idudwe. Une autorité administrative locale, sollicitée sous couvert d’anonymat, s’inquiète de cette avancée rapide : « Leurs effectifs ne cessent d’augmenter, tout comme leur approvisionnement en munitions. Ils se réorganisent en permanence pour solidifier leur position. »
La situation est d’autant plus préoccupante que leur présence est désormais signalée dans les environs immédiats du site industriel de Twangiza Mining, une ancienne concession exploitée par BANRO pour l’extraction de l’or. Un notable du coin, témoin de l’évolution sur le terrain, précise : « Ils ont traversé la rivière Lulimbohwe et sont actuellement positionnés à Buhamba, à peine à quelques kilomètres de l’usine. Le calme est rompu, les habitants vivent dans la peur. »
La chefferie de Luhwinja, riche en ressources naturelles et en particulier en or, est depuis longtemps une zone convoitée. Plusieurs entreprises minières y ont mené des activités par le passé, dont la société canadienne BANRO et l’exploitation de Twangiza. Aujourd’hui, ces anciennes zones industrielles deviennent le théâtre d’affrontements et de prises de position stratégiques par des groupes armés.
Cette nouvelle avancée de l’AFC/M23 intervient alors même que des pourparlers sont en cours entre les représentants du gouvernement de la République démocratique du Congo et ceux du mouvement rebelle. Ces discussions, relancées à Doha au Qatar, devaient théoriquement permettre une désescalade du conflit. Pourtant, malgré une déclaration conjointe signée deux semaines auparavant, les négociations restent au stade de discussions préliminaires et peinent à produire des résultats concrets sur le terrain. Pendant ce temps, les populations du Sud-Kivu continuent de vivre sous la menace constante des combats et de l’instabilité.