RDC-M23: Violents affrontements dans l’Est pendant les pourparlers de paix à Doha et à Washington ce 08 mai détails ci dessous
L’Est de la RDC s’embrase à nouveau malgré les efforts diplomatiques à Doha et Washington
Alors que les capitales mondiales s’efforcent de relancer le processus de paix dans la région des Grands Lacs, l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de sombrer dans la violence. Malgré les pourparlers en cours à Doha et à Washington, les affrontements se multiplient sur le terrain, en particulier dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, où la situation sécuritaire s’aggrave de jour en jour.
Une nouvelle flambée de violences au Sud-Kivu
Depuis le début de la semaine, le territoire de Mwenga, dans le Sud-Kivu, est le théâtre de violents affrontements. Les rebelles de l’AFC/M23, mouvement accusé de bénéficier d’un soutien militaire rwandais selon des experts de l’ONU, ont intensifié leur emprise sur la chefferie de Luhwinja. Cette zone, riche en ressources aurifères, attire depuis longtemps la convoitise de groupes armés qui cherchent à contrôler ses richesses.
Le mardi 6 mai, les rebelles ont pris le contrôle du village de Luciga après avoir conquis Lwashanja, une localité située à l’entrée stratégique de la région. Plusieurs sources locales ont confirmé que les populations civiles ont fui massivement les zones de combat, abandonnant leurs biens pour tenter de trouver refuge ailleurs.
Ces opérations militaires s’inscrivent dans une logique de conquête territoriale, qui s’accélère au fil des semaines. L’objectif des rebelles semble être la consolidation de corridors miniers sous leur autorité, ce qui pourrait leur garantir des financements durables et accroitre leur poids dans les négociations en cours.
Des affrontements multiples dans les territoires voisins
Le Sud-Kivu ne connaît pas l’accalmie. Parallèlement à la progression des rebelles dans Mwenga, d’autres fronts se sont ouverts dans les territoires d’Uvira et de Walungu. Les localités de Kamanyola et Katogota ont été le théâtre d’affrontements intenses entre les miliciens Wazalendo, alliés non étatiques de l’armée congolaise (FARDC), et les troupes de l’AFC/M23.
Selon des témoins sur place, les Wazalendo ont lancé une offensive surprise contre plusieurs positions rebelles, déclenchant en retour une série de représailles particulièrement violentes. Les combats ont provoqué de nombreux déplacements de populations, aggravant la crise humanitaire déjà critique dans la région.
Le Nord-Kivu à nouveau secoué par les combats
Au Nord-Kivu, la situation n’est guère meilleure. Le 2 mai, les rebelles ont conquis la localité de Lunyasenge, située à environ 50 kilomètres à l’ouest du lac Édouard. Depuis cet assaut, la population de cette région a fui en masse vers la cité frontalière de Kasindi, dans le territoire de Beni. Les premiers déplacés y sont arrivés dès lundi soir, souvent sans assistance humanitaire, dans un contexte de saturation des capacités d’accueil.
Ce nouveau déplacement massif de civils s’ajoute à une longue série de crises humanitaires dans l’Est congolais, où plus de 7 millions de personnes sont déjà déplacées selon les dernières estimations de l’ONU.
Les pourparlers engagés à Doha, sous la médiation du Qatar et des États-Unis, peinent à produire des résultats concrets. Malgré les discussions entamées pour tenter de rétablir un cessez-le-feu, aucun accord n’a été signé à ce jour. Le temps presse pourtant, alors que la situation sur le terrain se détériore à une vitesse inquiétante.
L’absence de consensus sur les principales revendications des parties prenantes, notamment sur le désarmement des groupes armés, le retrait des troupes étrangères et la réintégration des rebelles dans la vie politique ou militaire congolaise, bloque tout progrès tangible.
Pendant ce temps, les capitales tentent de maintenir la pression diplomatique. Ce mardi à Paris, le président rwandais Paul Kagame a rencontré son homologue français Emmanuel Macron. Bien que cette rencontre ait initialement été prévue à huis clos, elle a abordé plusieurs sujets sensibles, dont les tensions entre Kigali et Kinshasa.
La France, qui fait partie du comité de suivi des efforts de paix, joue un rôle de médiateur discret mais actif dans le dossier. Toutefois, l’implication de puissances extérieures ne suffit pas à contenir l’escalade sur le terrain. Les divergences persistantes entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir activement l’AFC/M23, continuent d’empoisonner les efforts de stabilisation.
Dans cette guerre à plusieurs visages, la population civile reste la première victime. Prise en étau entre les forces armées congolaises, les milices locales, les rebelles et les forces étrangères, elle paie le prix fort d’un conflit qui n’épargne ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes âgées.
Les violations des droits humains se multiplient : enlèvements, pillages, violences sexuelles, exécutions sommaires. La peur et l’insécurité règnent dans les villages, où plus personne n’ose cultiver ses champs ou envoyer ses enfants à l’école.
Alors que les armes continuent de parler sur le terrain et que les négociations piétinent, l’avenir de la paix dans l’Est congolais semble plus incertain que jamais. Les acteurs impliqués, aussi bien nationaux qu’internationaux, doivent redoubler d’efforts pour éviter que la région ne bascule dans un conflit de plus grande ampleur.
Pour l’instant, les initiatives diplomatiques n’ont pas réussi à répondre à l’urgence humanitaire ni à imposer un véritable cessez-le-feu. Et pendant ce temps, chaque jour qui passe plonge un peu plus les populations de l’Est de la RDC dans le chaos et la désespérance.
La paix ne pourra être durable que si elle repose sur la justice, la vérité et la volonté réelle de mettre fin à l’exploitation armée des ressources naturelles. Mais à ce jour, ces conditions semblent encore loin d’être réunies.