RDC-M23 : Reprise prudente des négociations entre Kinshasa et l’AFC-M23 à Doha – une liste de 4 nouvelles conditions strictes posées par l’AFC-M23 ce 6 mai
Négociations relancées, M23 pose ses conditions.
Les regards étaient tournés vers Doha, la capitale du Qatar, ce dimanche 4 mai, où se sont timidement ouvertes de nouvelles discussions entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et la rébellion de l’Alliance du Fleuve Congo – M23 (AFC-M23). Cette tentative de relancer le dialogue intervient dans un contexte tendu, alors que les violences se poursuivent dans l’est du pays, particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Fait notable de cette nouvelle séquence diplomatique : la délégation du M23 est désormais conduite par Benjamin Mbonimpa, un acteur bien connu des processus de paix dans la région. Il avait joué un rôle central lors des négociations de 2013 qui avaient conduit à un accord entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle de l’époque. Son retour à la table des discussions est perçu par certains comme un signe de volonté renouvelée de la part du M23 de s’engager dans un processus politique, mais également comme une tentative de renforcer leur crédibilité sur la scène internationale.
Des conditions strictes avant tout engagement
Toutefois, le M23 ne compte pas s’engager les yeux fermés. Avant toute avancée significative, la rébellion a tenu à poser un certain nombre de conditions qu’elle estime indispensables pour restaurer un climat de confiance avec Kinshasa. Parmi ces exigences figurent :
- Le retrait effectif des Forces armées de la RDC (FARDC) de certaines zones, notamment dans le territoire de Walikale, où les tensions demeurent vives ;
- La publication officielle d’une nouvelle déclaration conjointe, qui viendrait réaffirmer les engagements pris par les deux parties lors des premiers pourparlers ;
- L’autorisation de retrait des troupes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), actuellement déployées à Goma, ainsi que de leur matériel logistique ;
- Et enfin, le transfert vers Kinshasa des militaires et policiers congolais actuellement sous la protection de la MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC.
Ces revendications, selon des sources proches des négociations, ne sont pas entièrement nouvelles. Certaines d’entre elles auraient déjà été évoquées lors de précédents cycles de discussions, et leur mise en œuvre serait en cours, bien que de manière progressive et limitée.
Un contexte encore fragile malgré une première avancée
Il convient de rappeler que ces discussions interviennent à peine deux semaines après la signature d’une première déclaration conjointe entre les deux parties, censée ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable. Ce document, bien que salué comme un pas dans la bonne direction, avait été accueilli avec prudence par les observateurs, en raison du manque d’application concrète sur le terrain.
L’est de la RDC reste en proie à des affrontements réguliers entre les forces gouvernementales et les différentes factions rebelles, notamment le M23, qui a repris les armes en 2022 après une longue période de relative accalmie. Depuis, des dizaines de milliers de civils ont été déplacés, et les efforts de médiation régionaux peinent à obtenir des résultats tangibles.
Doha, théâtre d’une médiation encore hésitante
Invitées par les autorités qataries, les délégations du gouvernement congolais et du M23 sont arrivées à Doha durant le week-end. Les pourparlers du dimanche 4 mai n’ont, selon plusieurs sources, débouché sur aucun accord concret. Toutefois, ce premier contact formel a permis d’établir un cadre de discussion et de rappeler la volonté partagée de maintenir le dialogue.
Même si les échanges en sont encore au stade préliminaire, les deux camps semblent conscients de l’importance de cette opportunité pour désamorcer un conflit dont les conséquences humaines et humanitaires sont dramatiques.
Un processus fragile, mais porteur d’espoir
La médiation qatarie, qui s’ajoute aux initiatives déjà engagées par l’Union africaine, la Communauté d’Afrique de l’Est et d’autres partenaires internationaux, représente une chance de relancer une dynamique de paix dans la région des Grands Lacs. Mais les défis restent immenses : restaurer la confiance, obtenir des garanties vérifiables, et surtout convaincre les acteurs armés de privilégier la voie du dialogue à celle des armes.
Pour l’instant, rien n’est encore joué. Mais cette reprise des pourparlers, aussi timide soit-elle, constitue une ouverture que beaucoup espèrent voir aboutir à des solutions durables, loin des cycles de violence qui ensanglantent l’est de la RDC depuis des décennies.