RDC-M23-KIVU : un leader religieux et prophète declare la   guerre contre l’AFC-M23 et Kagame et prend les armes, Voici ce qu’il a osé dire devant les caméras

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Sud-Kivu, RDC

Le 15 mai 2025 restera gravé dans la mémoire des habitants de Sange, une cité du territoire d’Uvira, comme le jour où religion, armes de guerre et ambitions politiques se sont mêlées dans un spectacle aussi déroutant que préoccupant. Un homme, se présentant comme prophète sous le nom de Magote, alias David wa Congo, a surgi au grand jour avec une déclaration aux allures de déclaration de guerre.

Dans une mise en scène soigneusement filmée et massivement partagée sur les réseaux sociaux, le prophète s’est présenté entouré de quatre de ses « diacres », tous armés de fusils d’assaut AK-47 et munis de plusieurs chargeurs de munitions. Dans un discours enflammé, Magote a déclaré vouloir « mettre fin à la guerre dans l’Est de la RDC », affirmant qu’il a été « mandaté par Dieu » pour « chasser le M23 » et aller jusqu’à « éliminer Paul Kagame », président du Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir cette rébellion.

Ce n’est pas en son seul nom que David wa Congo s’exprime. Il se présente comme chef spirituel d’une entité religieuse nouvelle et surprenante : l’Église du Christ Militaire (E.C.M). Selon ses dires, cette structure aurait une triple mission : « restaurer la paix », « proclamer la parole de Dieu » et « entreprendre des activités commerciales », notamment « la vente en gros et au détail ».

Ce cocktail explosif entre spiritualité, militarisme et entrepreneuriat interroge de nombreux observateurs sur la nature réelle de cette initiative. Loin de se limiter à une simple organisation religieuse, l’E.C.M semble vouloir poser les bases d’un mouvement hybride, capable d’intervenir militairement tout en cultivant une forme d’autonomie économique.

À Sange, les réactions ont oscillé entre la fascination, la perplexité et l’inquiétude. Certains habitants ont assisté à la scène avec étonnement, y voyant une sorte de théâtre mystique. Mais d’autres redoutent que ce genre d’apparition publique armée ne contribue à aggraver une situation sécuritaire déjà fragile dans la région.

« On a l’impression d’être dans un film », confie un commerçant local. « Un prophète qui promet la paix avec des armes à la main, c’est du jamais vu ici. Mais on ne sait pas s’il est dangereux ou juste fou. »

Des analystes locaux, eux, prennent davantage de recul. « C’est une opération de communication spectaculaire, mais sans fondement stratégique », commente l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. « Quand l’armée régulière, avec ses moyens logistiques et son encadrement, peine à contenir le M23, comment imaginer qu’un petit groupe religieux armé de quelques kalachnikovs puisse renverser la tendance ? »

À ce jour, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités locales ou provinciales. Ce silence intrigue, alors même que l’apparition publique d’un groupe armé – fût-il religieux – constitue une violation manifeste de la loi et une menace potentielle pour la sécurité publique.

Dans une région marquée par des décennies de conflits, d’innombrables groupes armés, et une crise humanitaire persistante, la naissance d’un tel mouvement, même marginal, ne peut être ignorée. Le Sud-Kivu, comme le Nord-Kivu voisin, est le théâtre de violences récurrentes, avec des centaines de milliers de déplacés et un tissu social profondément fragilisé.

L’entrée en scène de Magote, dans ce contexte, apparaît presque surréaliste. Elle traduit à la fois le désespoir d’une partie de la population, prête à suivre toute figure promettant paix et justice, mais aussi les dérives possibles lorsque le vide laissé par l’État est comblé par des entrepreneurs de foi et de guerre.

Reste à savoir si cette « Église du Christ Militaire » est un simple phénomène isolé destiné à s’éteindre rapidement, ou le signe avant-coureur d’une nouvelle forme de mobilisation religieuse armée dans l’Est de la RDC. Une chose est sûre : dans une région déjà bouleversée par l’instabilité, les prophètes armés ne sont pas des messagers de paix, mais des symboles de plus d’incertitude.

Alors que les regards restent tournés vers les négociations de paix et les opérations militaires officielles, cette apparition inattendue soulève une question de fond : que révèle-t-elle de l’état de la société congolaise, où la foi, la guerre et la survie semblent désormais s’entremêler de façon de plus en plus trouble ?

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