Rdc-Lubero : Trois civils grièvement blessés par des bombes artisanales piégées par les ADF à Bapukara
Lubero, 7 mai 2025
Trois personnes ont été grièvement blessées, lundi 5 mai 2025, après avoir accidentellement déclenché deux bombes artisanales enfouies sur un sentier du groupement Bapukara, dans le territoire de Lubero, au nord de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC). L’incident, survenu en pleine journée, met en lumière la persistance de l’insécurité dans cette région marquée par la présence continue des rebelles ougandais des ADF (Forces démocratiques alliées).
Selon la société civile locale, qui s’est confiée à la rédaction de 7SUR7.CD ce mercredi, les engins explosifs improvisés (EEI) auraient été déployés délibérément par les ADF afin de semer la terreur parmi les populations civiles. Les trois victimes revenaient simplement des champs, une activité quotidienne pour de nombreux habitants de cette zone rurale.
« C’est sur l’axe Matuna-Kambau, jusqu’à Ekenye, que trois personnes ont marché sur deux bombes artisanales. Elles ont été grièvement blessées et conduites en urgence à un centre de santé de Vuyinga pour des soins intensifs », a expliqué Moïse Kahuyu, rapporteur de la société civile dans l’agglomération de Vuyinga.
L’une des victimes, dont l’état s’est aggravé au fil des heures, a été transférée, ce mercredi 7 mai, à l’Hôpital général de référence (HGR) de Musienene, une structure mieux équipée pour faire face à ce genre de cas graves.
Une région sous la menace permanente
Cet incident dramatique n’est malheureusement pas isolé. Quelques heures plus tôt, dans la nuit du dimanche à lundi 5 mai, deux personnes avaient déjà perdu la vie après avoir marché sur une bombe artisanale dans la même région. Ces attaques en série ont plongé les habitants de Vuyinga et des villages voisins dans une psychose grandissante.
« Nous retrouvons des engins explosifs dans les champs, là où les villageois vont cultiver pour nourrir leurs familles. C’est une stratégie pour briser le moral des communautés et les pousser à fuir », a poursuivi Moïse Kahuyu.
Face à la recrudescence de ces actes terroristes, la société civile a lancé un appel pressant aux autorités militaires, à la MONUSCO et aux services de déminage afin d’intensifier les patrouilles et les opérations de fouille dans les zones agricoles et sur les routes utilisées par les civils.
Une sécurité toujours fragile
Malgré la présence des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le territoire de Lubero, plusieurs sources indépendantes affirment que la situation sécuritaire reste « confuse » dans certains villages du secteur de Bapere et de la chefferie des Baswagha. Les rebelles, selon ces sources, circuleraient encore librement dans certaines zones, installant des pièges mortels et terrorisant la population.
« Il est urgent que les autorités prennent conscience du niveau de désespoir dans lequel vivent nos populations. Chaque déplacement vers les champs est une menace potentielle pour la vie des habitants. Il faut renforcer la sécurisation des zones rurales et appuyer les structures médicales de proximité », a insisté un notable de la région joint par téléphone.
L’utilisation des bombes artisanales, stratégie de terreur bien connue des ADF, continue de faire des ravages, en particulier parmi les civils qui n’ont aucun moyen de les détecter ni de s’en protéger. Ce drame rappelle une fois de plus l’urgence d’une intervention coordonnée entre les forces de défense, les partenaires humanitaires et les agences spécialisées en déminage pour protéger les populations civiles.
Alors que le conflit s’éternise, les habitants de Bapukara et des zones voisines de Lubero vivent dans la crainte permanente, suspendus entre l’espoir d’un retour à la paix et la réalité d’une guerre silencieuse qui les prend en otage.
Bantou Kapanza Son, depuis Beni
