RDC : L’AFC/M23 avance vers le Nord du lac Édouard et prend le contrôle de Lunyasenge
Le 2 mai 2025, la localité de Lunyasenge, située sur la rive ouest du lac Édouard, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), est tombée aux mains des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/M23. Cette avancée marque une nouvelle étape dans l’offensive des rebelles qui progressent désormais vers le nord du lac, consolidant leur présence dans une région déjà marquée par des tensions chroniques. Selon plusieurs sources locales, les combattants du M23 sont arrivés par voie terrestre mais également par le lac, utilisant les pêcheries de Vutsumbi et Kamandi Gite comme points de départ.
Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont tenté de repousser cette incursion, mais des affrontements violents ont eu lieu, causant la mort de plusieurs militaires congolais. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des soldats tués aux abords du lac, bien que le nombre exact de victimes n’ait pas encore été officiellement confirmé. La population locale, prise de panique, a fui massivement la zone, rendant toute évaluation précise de la situation humanitaire extrêmement difficile.
Le colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans la région du Grand-Nord, a confirmé la prise de Lunyasenge par les forces rebelles. Il a fermement dénoncé ce qu’il considère comme une « violation flagrante » du cessez-le-feu, alors que des pourparlers sont en cours à Doha et à Washington pour tenter de résoudre le conflit. D’après lui, cette attaque est une démonstration claire du refus de l’AFC/M23 de s’inscrire dans une démarche pacifique, malgré les efforts diplomatiques en cours.
Depuis la reprise des hostilités en 2021, le M23 multiplie les prises de territoire dans les provinces de l’Est, notamment au Nord-Kivu. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir militairement et logistiquement ce groupe, une accusation que Kigali continue de nier. La progression vers le nord du lac Édouard, zone stratégique pour le commerce et les ressources naturelles, laisse entrevoir des intentions d’expansion territoriale plus vastes de la part du M23, malgré les pressions internationales.
Sur le plan humanitaire, la situation devient de plus en plus préoccupante. Les habitants de Lunyasenge, comme tant d’autres avant eux, fuient les combats pour se réfugier dans des zones plus sûres, souvent sans assistance ni accès aux soins. Les organisations humanitaires peinent à intervenir dans les zones sous contrôle du M23, tandis que le nombre de déplacés internes ne cesse d’augmenter, aggravant une crise déjà critique dans l’Est de la RDC.
Face à cette nouvelle avancée rebelle, les autorités congolaises appellent la communauté internationale à agir avec plus de fermeté. Elles demandent un renforcement de la pression diplomatique sur les soutiens présumés du M23 et une implication plus concrète des mécanismes régionaux comme la SADC et l’EAC. Alors que la situation reste instable, Lunyasenge devient le nouveau symbole d’un conflit qui continue de ravager l’Est congolais sans réelle solution à l’horizon.
