La tension politique en République démocratique du Congo (RDC) continue de s’intensifier. Après avoir accusé l’opposant Moïse Katumbi d’avoir été le « candidat de l’étranger » lors des élections présidentielles de décembre 2023, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, pointe désormais du doigt l’ancien président Joseph Kabila. Il l’accuse d’être à l’origine du phénomène Mobondo, un groupe armé semant la terreur dans le Grand Bandundu, dans le but de déstabiliser la capitale Kinshasa.

Des accusations graves dans un climat tendu

Lors d’une récente déclaration, Jean-Pierre Bemba a affirmé que l’ancien président Joseph Kabila jouerait un rôle clé dans la montée en puissance du phénomène Mobondo. Ce groupe armé, qui se revendique des communautés locales de la région du Grand Bandundu, est responsable de plusieurs attaques violentes contre les forces de l’ordre et les populations civiles.

Selon Bemba, ces violences ne seraient pas spontanées, mais orchestrées dans un but politique. « Nous avons des informations précises qui indiquent que certaines mains noires tirent les ficelles derrière ces troubles. Nous ne pouvons pas tolérer que des forces obscures manipulent des groupes armés pour semer la peur et l’instabilité », aurait-il déclaré.

Ces accusations surviennent alors que la situation sécuritaire dans la région s’aggrave, avec des affrontements de plus en plus fréquents entre les Mobondo et les forces de sécurité congolaises.

Qui sont les Mobondo ?

Le phénomène Mobondo est un mouvement armé apparu ces dernières années dans la région du Grand Bandundu. À l’origine, il s’agissait d’un groupe d’autodéfense composé de membres de la communauté Yaka, se mobilisant contre ce qu’ils considèrent comme des injustices foncières et politiques. Cependant, le groupe a progressivement évolué en une milice violente, s’attaquant à des populations civiles et à des agents de l’État.

Les Mobondo sont accusés de plusieurs massacres dans les provinces du Kwango, Kwilu et Maï-Ndombe. Selon des rapports des autorités locales et d’ONG, ces violences ont causé la mort de centaines de personnes et le déplacement de milliers d’autres.

Une rivalité politique exacerbée

Les accusations de Jean-Pierre Bemba contre Joseph Kabila s’inscrivent dans un contexte de rivalité politique exacerbée. Depuis son départ du pouvoir en 2019, l’ancien président reste une figure influente en RDC, notamment à travers son parti, le Front Commun pour le Congo (FCC). De nombreux partisans de l’actuel président Félix Tshisekedi estiment que Kabila continue de manœuvrer en coulisses pour conserver son influence sur les affaires du pays.

En accusant Kabila d’être derrière le phénomène Mobondo, Jean-Pierre Bemba semble vouloir marquer une ligne rouge entre l’ancien régime et le gouvernement actuel. Cette déclaration pourrait aussi être une manière de détourner l’attention des critiques adressées au gouvernement sur la gestion de la crise sécuritaire dans l’ouest du pays.

Quelle suite pour la situation sécuritaire ?

Alors que la pression monte, le gouvernement congolais a intensifié les opérations militaires contre les Mobondo. Plusieurs arrestations ont été effectuées, et des offensives militaires sont en cours pour tenter de neutraliser la milice.

Cependant, la question de l’implication de figures politiques dans ces violences reste un sujet sensible. Si Jean-Pierre Bemba dispose de preuves concrètes contre Joseph Kabila, il devra les présenter publiquement pour étayer ses accusations. Dans le cas contraire, ces déclarations risquent d’aggraver les tensions politiques et d’alimenter les divisions déjà profondes au sein du pays.

La RDC traverse une période cruciale où la stabilité politique et sécuritaire est plus que jamais mise à l’épreuve. Les prochaines semaines seront décisives pour voir si ces accusations entraînent des répercussions majeures ou si elles s’inscrivent simplement dans le jeu politique congolais habituel.