L’AFC-M23 établit son propre gouvernement au Sud-Kivu : une nouvelle fracture en RDC
Bukavu, 28 février 2025 – La tension monte d’un cran dans l’Est de la République démocratique du Congo. La coalition Alliance Fleuve Congo (AFC) – M23 vient de poser un acte fort en désignant un gouverneur et deux vice-gouverneurs pour administrer la province du Sud-Kivu sous son contrôle. Ce tournant politique accentue la crise entre Kinshasa et les forces rebelles qui contestent l’autorité du pouvoir central.
Une gouvernance parallèle s’installe
Dans une annonce officielle, l’AFC-M23 a placé Birato Rwihimba Emmanuel à la tête du Sud-Kivu. Cet ancien cadre politique, originaire de Kabare, est désormais chargé de structurer la gestion des territoires occupés. Pour l’épauler, deux vice-gouverneurs ont été nommés :
- Dunia Masumbuko Bwenge, en charge des affaires administratives et politiques.
- Gishinge Gasinzira Juvénal, responsable des finances et du développement économique.
Cette démarche s’inscrit dans la volonté du mouvement de légitimer son contrôle territorial face au gouvernement congolais, qui dénonce une atteinte grave à la souveraineté nationale.
Une crise politique qui s’aggrave
L’instauration de cette administration rebelle survient dans un contexte explosif. Corneille Nangaa, chef de l’AFC-M23, a récemment réaffirmé sa position lors d’un grand rassemblement populaire, déclarant que le Sud-Kivu devait désormais être géré indépendamment de Kinshasa.
De son côté, le président Félix Tshisekedi refuse catégoriquement de reconnaître cette structure. Il a maintenu Jean-Jacques Burusi comme gouverneur légitime et l’a invité à gérer la province depuis Uvira, une ville encore sous contrôle du gouvernement. Ainsi, le Sud-Kivu se retrouve dans une situation inédite avec deux gouverneurs rivaux, reflétant la crise déjà observée au Nord-Kivu.
Quelles conséquences pour la RDC ?
Cette fracture politique et militaire pourrait aggraver l’instabilité régionale, rendant encore plus complexe la résolution du conflit. Kinshasa, appuyée par ses alliés, promet de reprendre militairement les territoires perdus, tandis que l’AFC-M23 continue de consolider son emprise.
Face à cette escalade, la communauté internationale s’inquiète d’un conflit prolongé aux lourdes conséquences humanitaires. Pendant ce temps, les populations locales, prises au piège, subissent de plein fouet les effets de cette guerre d’influence.
Affaire à suivre de très près.