RDC : l’AFC/M23 gagne du terrain, pendant que l’Est se referme sur lui-même la CENCO alerte sur une urgence oubliée à l’Est du pays
L’Est étouffe sous le joug de l’AFC/M23 et l’isolement économique imposé par Kinshasa »
L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est sorti de son silence dans un discours aux accents graves et critiques, dénonçant l’abandon des populations de l’Est du pays par les autorités nationales. Lors de cette allocution très remarquée, l’ex-chef de l’État a fustigé ce qu’il qualifie de « punition » infligée aux habitants de cette région déjà en proie à une insécurité chronique.
« Les décisions prises par le gouvernement vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais », a-t-il déclaré, en évoquant notamment la déconnexion des institutions financières locales du réseau bancaire national ainsi que la restriction des mouvements des personnes et des biens.
Pour Joseph Kabila, ces mesures aggravent la marginalisation des provinces de l’Est, particulièrement touchées par les conflits armés, les déplacements massifs de population et la paralysie économique. Il a lancé un appel pressant à l’État congolais pour « humaniser les conditions de vie » dans ces zones et recentrer l’action des forces de sécurité — armée, justice et police — autour de la protection des civils et du respect des droits fondamentaux.
Une prise de parole soutenue par les évêques catholiques
Ce message de Joseph Kabila fait écho à une autre voix influente du pays : celle des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Dans une déclaration rendue publique le vendredi 16 mai 2025, ces responsables religieux ont fait part de leur vive préoccupation face à la crise multiforme que traverse la RDC, marquée par une instabilité sécuritaire persistante, un climat politique tendu et une économie en souffrance.
Les évêques pointent particulièrement du doigt les conséquences de l’occupation de plusieurs territoires de l’Est par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue, selon eux, par le Rwanda. La fermeture des banques, des aéroports et d’autres infrastructures essentielles dans les zones contrôlées par cette rébellion mettrait des milliers de familles dans une détresse extrême, en les coupant du reste du pays et du système financier national.
« Il est inconcevable que des Congolais soient traités comme des citoyens de seconde zone à cause du contexte sécuritaire », ont-ils affirmé, appelant à un sursaut national pour préserver l’unité du pays et soulager les souffrances des populations civiles.
Un appel à la responsabilité nationale
Alors que la situation dans l’Est reste volatile, les propos de Joseph Kabila et ceux de la CENCO renforcent la pression sur le gouvernement central. Ils interpellent sur la nécessité urgente d’adopter une réponse humanitaire adaptée et une stratégie politique inclusive. Au-delà de la sécurité militaire, c’est le lien entre l’État et les populations qui semble aujourd’hui en péril dans ces régions.
À mesure que les tensions montent, une question reste en suspens : quelle sera la réaction concrète des autorités face à ces appels répétés à la responsabilité, à la justice et à la solidarité nationale ? Pour de nombreux Congolais, la réponse déterminera non seulement la stabilité de l’Est, mais aussi l’avenir même du vivre-ensemble en République démocratique du Congo.