NORD-KIVU : Retour surprise des FARDC à Musenda_village repris sans un seul coup de feu, mais vide de ses habitants

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Lubero : Les FARDC réoccupent Musenda sans combat, mais la population reste méfiante

Depuis la matinée de ce jeudi 8 mai 2025, un changement discret mais symbolique s’est opéré dans le territoire de Lubero, au nord de la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont repris position dans le village de Musenda, situé le long du lac Édouard, sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Cette réoccupation a été menée sur instruction directe du Commandant du Front Nord, le Général-Major Bruno Mandevu.

Musenda, un petit village paisible de pêcheurs il y a encore quelques semaines, avait été abandonné par l’armée nationale après une série d’affrontements dans la région. La chute de localités voisines comme Lunyasenge et Katundu, tombées entre les mains du M23 et de ses alliés, avait mis sous pression les positions militaires congolaises, forçant un repli tactique.

Ce retour de l’armée congolaise intervient dans un contexte tendu, où le cessez-le-feu, censé être en vigueur, est ouvertement bafoué sur le terrain. L’avancée du M23 dans plusieurs zones stratégiques du Nord-Kivu ces derniers mois, en dépit des engagements diplomatiques, a semé la peur, l’incertitude et l’exil parmi les civils.

Malgré la reprise de Musenda par les FARDC, le décor qui s’offre aux militaires est loin d’être rassurant. Les habitations sont désertes, les rues silencieuses, et les pirogues abandonnées sur les berges du lac témoignent du départ précipité des populations. La majorité des habitants ont fui vers Chavinyonge, dans le territoire voisin de Beni, à la recherche d’un semblant de sécurité.

Pour l’instant, les civils restent méfiants. Certains redoutent que cette réoccupation ne soit que temporaire, ou qu’elle précède de nouveaux combats. D’autres ont encore en mémoire les scènes de panique, les bruits d’obus et les nuits passées à la belle étoile. Le traumatisme est réel, et la confiance envers toutes les parties reste profondément entamée.

L’ordre donné par le Général Mandevu de reprendre Musenda sans confrontation directe semble s’inscrire dans une stratégie de réaffirmation de la souveraineté congolaise sur ses territoires, sans pour autant entraîner une escalade immédiate du conflit. Ce geste vise peut-être aussi à envoyer un message politique fort, tant à la population qu’aux partenaires internationaux.

Mais sur le terrain, l’absence de combats ne suffit pas à garantir la paix. Ce qu’attendent les populations déplacées, ce ne sont pas seulement des militaires en uniforme, mais des garanties durables : la fin des hostilités, le retour de l’administration civile, la réouverture des écoles et des centres de santé, la possibilité de pêcher ou de cultiver sans craindre pour sa vie.

Cette situation à Musenda illustre une réalité bien plus large dans l’est de la RDC : celle d’un conflit où les lignes de front bougent sans cesse, où les accords sont signés mais rarement respectés, et où les civils, pris en étau, restent les premières victimes.

Pour l’heure, les regards sont tournés vers l’évolution des événements dans cette zone sensible. Le retour de la paix véritable dans le Nord-Kivu ne dépendra pas uniquement des opérations militaires, mais aussi d’un dialogue politique sincère, de pressions internationales cohérentes, et surtout, d’un engagement ferme à protéger les vies humaines.

À suivre…

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