Nord-Kivu :Voici la situation qui prévaut à Bwito après la  reprise des affrontements entre le M23 et les Wazalendo

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Rutshuru, 5 mai 2025

La tension est de nouveau montée d’un cran ce lundi 5 mai dans la région de Tongo et Kabizo, en territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, où de violents affrontements opposent les rebelles du M23 aux combattants Wazalendo affiliés au CMC/FDP. Cette nouvelle flambée de violence vient prolonger les combats qui ont déjà secoué la région tout au long du week-end, notamment dans les localités de Lubwe Sud, Businene, Kabizo et Mutanga.

Des sources locales rapportent une brusque évolution de la situation militaire sur le terrain. Alors qu’au cours du week-end, des rumeurs faisaient état d’une avancée des Wazalendo, qui auraient réussi à faire reculer les rebelles, la dynamique s’est inversée dans les premières heures de la matinée de lundi. Selon un notable de la région, les troupes du M23 ont réussi à reprendre le contrôle de Kabizo, une localité stratégique qu’elles avaient abandonnée il y a environ six mois. Cette information a été corroborée par plusieurs témoins sur place, qui confirment non seulement la présence rebelle dans la zone, mais également la poursuite d’affrontements intenses dans les environs immédiats.

La réoccupation de Kabizo par les rebelles illustre une stratégie de reconquête progressive des zones jadis contrôlées. Cette localité, située dans une région montagneuse difficile d’accès, présente un intérêt stratégique certain, notamment en raison de sa proximité avec plusieurs axes de ravitaillement importants.

Dans le groupement de Tongo, le M23 consolide également sa présence. Selon plusieurs sources administratives locales, les rebelles contrôlent aujourd’hui près de 20 % de ce groupement, incluant le corridor clé reliant Kanaba à Mulimbi. Cet axe est crucial pour le transport de troupes et de matériel militaire vers la région de Kitshanga, dans la zone de Bishusha. La maîtrise de ce passage confère un avantage logistique non négligeable aux rebelles, qui semblent vouloir renforcer leur position dans cette partie du territoire.

Un territoire morcelé entre les forces

Le territoire de Rutshuru est aujourd’hui un champ de bataille complexe où coexistent plusieurs lignes de front. D’un côté, les rebelles du M23, soutenus selon des sources gouvernementales par l’armée rwandaise. De l’autre, les groupes armés dits « Wazalendo », qui affirment agir en soutien aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Dans le groupement de Mutanda, les rebelles du M23 contrôlent toujours l’agglomération de Nroroba. Les Wazalendo, quant à eux, dominent la majeure partie du groupement de Bambo. Cette division du territoire alimente une instabilité chronique, rendant difficile toute tentative de rétablissement durable de la paix.

Comme à chaque flambée de violence, ce sont les civils qui en paient le plus lourd tribut. Dans les localités concernées par les combats, une partie de la population a pris la fuite dans la précipitation, à la recherche d’un abri plus sûr. D’autres, faute d’alternatives, sont restés cloîtrés dans leurs maisons, exposés aux risques des tirs croisés et aux pillages.

Les bilans humains du week-end restent flous. Des pertes auraient été enregistrées dans les deux camps, mais aucune source officielle n’a communiqué de chiffres précis. Les conditions d’accès aux zones de combat rendent difficile la vérification indépendante des informations et compliquent l’intervention des organisations humanitaires.

En parallèle, des affrontements ont également été signalés dans le territoire voisin de Masisi, notamment dans la région de Buabo. Bien que les détails sur ces combats restent pour l’instant fragmentaires, plusieurs observateurs redoutent une extension du conflit à d’autres zones déjà fragilisées par les affrontements passés.

La reprise des hostilités dans cette région du Nord-Kivu met en lumière l’échec des initiatives de désescalade menées ces derniers mois, tant au niveau national qu’international. Malgré les appels au cessez-le-feu et aux négociations, les affrontements se poursuivent, alimentés par des alliances fluctuantes, des intérêts stratégiques et des rivalités régionales.

La population civile, déjà éprouvée par des années de conflit, fait face à un avenir de plus en plus incertain. Le retour de la violence à Kabizo et dans d’autres localités interpelle sur l’urgence d’une solution politique inclusive, qui tienne compte des réalités locales et des aspirations des communautés affectées.

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