Urgent – RDC : Violents affrontements entre Wazalendo et éléments pro-M23 dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu ce lundi 5 mai
Fizi, Sud-Kivu – Lundi 5 mai 2025
Des combats d’une rare intensité ont éclaté tôt ce lundi matin, aux alentours de 6h20, dans le village d’Aenge (Kakenge), situé dans le secteur de Mutambala, territoire de Fizi, au sud de la province du Sud-Kivu. Selon plusieurs sources locales et sécuritaires, ces affrontements opposent les combattants dits « Wazalendo » du CPLC/FABB (Coalition du Peuple pour la Libération du Congo/Forces d’Autodéfense du Bassin du Burundi) à une coalition rebelle composée des groupes Twirwaneho, Red Tabara et des éléments associés au M23 (Mouvement du 23 Mars).
Cette nouvelle flambée de violence survient dans un contexte de grande tension sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo, où les affrontements entre groupes armés se multiplient, aggravant la situation humanitaire et la fragilité des zones frontalières.
Selon les premiers témoignages recueillis sur place, les groupes rebelles Twirwaneho et Red Tabara, d’origine burundaise, seraient appuyés par des éléments affiliés au M23, un mouvement rebelle congolais majoritairement tutsi, actif principalement dans les provinces du Nord-Kivu et, plus récemment, du Sud-Kivu. Cette coalition inédite inquiète les observateurs, car elle traduit une régionalisation croissante du conflit armé dans l’est congolais.
Le M23, considéré comme soutenu militairement par le Rwanda selon plusieurs rapports des Nations Unies, est déjà impliqué dans une guerre prolongée avec les Forces Armées de la RDC (FARDC) dans le Rutshuru et le Masisi, au Nord-Kivu. Son implication présumée dans les affrontements de Fizi marque une extension géographique préoccupante de ses activités.ve
Du côté des Wazalendo du CPLC/FABB, il s’agit de groupes d’autodéfense formés en réaction à la recrudescence des violences armées dans les provinces orientales. Ces milices locales, souvent composées d’anciens combattants ou de civils armés, revendiquent la protection des populations face aux incursions rebelles. Leur présence dans le territoire de Fizi est considérée comme une ligne de défense contre les avancées des forces rebelles burundaises et pro-M23.
Les affrontements de ce lundi seraient d’une intensité inhabituelle, avec des échanges de tirs nourris signalés jusqu’à la mi-journée. Aucune information officielle n’a encore été communiquée sur le nombre de victimes, mais des sources locales évoquent des blessés et des mouvements de population en direction de Lulimba, Abeka et même vers la frontière avec le Burundi.
La situation humanitaire dans cette région est déjà très préoccupante. Le territoire de Fizi accueille des milliers de déplacés internes, fuyant les combats dans d’autres zones du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Les nouvelles violences risquent d’aggraver cette crise, en augmentant les déplacements forcés et en rendant l’accès humanitaire encore plus difficile.
Plusieurs ONG internationales présentes à Uvira et à Baraka ont exprimé leur inquiétude quant à l’escalade du conflit et appellent à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à l’ouverture d’un corridor humanitaire pour venir en aide aux civils piégés dans les zones de combat.ale
La communauté internationale et les pays voisins sont une fois de plus interpellés. La multiplication des alliances entre groupes armés actifs en RDC et ceux venus de l’étranger, notamment du Burundi et du Rwanda, menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs.
Les autorités congolaises, de leur côté, n’ont pas encore réagi officiellement à ces combats. Toutefois, des sources militaires à Bukavu indiquent que des renforts FARDC pourraient être envoyés dans les prochaines heures vers le secteur de Mutambala pour contenir l’avancée des rebelles.
Depuis fin 2021, le M23 a repris les armes après plusieurs années d’accalmie, sous prétexte de défendre les intérêts de la communauté tutsi congolaise. Depuis, le mouvement a gagné du terrain au Nord-Kivu, occupant plusieurs localités, provoquant le déplacement de centaines de milliers de civils et la dénonciation de violations graves des droits humains. Sa présence présumée au Sud-Kivu, en collaboration avec des rebelles burundais, marque une nouvelle phase d’expansion qui risque d’embraser une région déjà au bord de l’effondrement.