RDC : Ce qu’il faut savoir sur l’affaire Constant Mutamba,mise à jour du 9 juin
Un projet de prison moderne à 39 millions de dollars tourne au scandale politico-judiciaire
Un nouveau scandale ébranle la République Démocratique du Congo. Il concerne un ambitieux projet de construction d’une prison moderne à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Prévu pour coûter 39 millions de dollars, ce projet, censé incarner un progrès dans la gestion carcérale du pays, est désormais au centre d’une enquête judiciaire pour détournement présumé de fonds publics.
Un projet salué… puis vite controversé
À l’annonce du projet, les réactions étaient largement positives. La nouvelle prison devait permettre de désengorger les établissements pénitentiaires surpeuplés du pays, où les conditions de détention sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Construit selon les standards modernes, ce centre devait symboliser une volonté de réforme du système pénitentiaire congolais.
Mais cet espoir a rapidement laissé place à la controverse. Selon les premiers éléments de l’enquête, une avance de 19 millions de dollars — soit près de la moitié du budget prévu — aurait été décaissée sans passer par les procédures normales de passation des marchés publics. Le contrat aurait été attribué de gré à gré, sans appel d’offres ni validation administrative complète, ce qui enfreint les règles de transparence imposées par la loi congolaise.
Un ministre dans la tourmente
Le nom de Constant Mutamba, ministre de la Justice, est cité dans cette affaire. La justice évoque un détournement présumé, arguant que les fonds ont été engagés sans justification claire et bloqués par une banque locale en raison de l’irrégularité des procédures. Selon certaines sources judiciaires, il y aurait eu intention manifeste de détourner l’argent, ce qui justifie la suspension de l’opération financière.
Mais du côté du gouvernement, certaines voix tentent d’apaiser la tension. Des responsables affirment que les 19 millions de dollars n’ont jamais été réellement versés et que la procédure était encore en phase préparatoire. Ce démenti sème encore plus le doute dans l’opinion publique, qui peine à discerner la vérité au cœur de ce dossier opaque.
Une affaire aux multiples enjeux
Ce scandale soulève des questions fondamentales dans un pays confronté à de graves défis économiques et sociaux :
- La transparence dans la gestion des fonds publics, notamment dans les projets d’infrastructure ;
- Le respect des procédures de passation de marchés, censées garantir la concurrence et éviter les abus ;
- La responsabilité politique des décideurs impliqués, dans un contexte de lutte contre la corruption.
Dans un pays où chaque dollar public peut changer des vies, l’idée qu’un tel montant puisse être engagé sans justification met en colère de nombreux Congolais. La société civile appelle à faire toute la lumière sur ce dossier, tandis que les autorités judiciaires poursuivent leurs investigations.
En attendant, les travaux de la prison sont à l’arrêt, et l’image d’un gouvernement engagé dans la bonne gouvernance en ressort sérieusement écornée.